Publié par : Modern Montreal Dad | février 24, 2010

L’avenir de l’éducation supérieure au Québec

Hier, 16 personnalités québécoises connues ont rendu publique un « pacte » pour s’adresser au sous-financement des universités du Québec.  Pour eux, il est impératif de revoir les frais de scolarité déboursés par les étudiants. Bref, non seulement il faut absolument renier le gel mais il faut également rattraper le « retard » des 15 dernières années. C’est un sujet que je trouve passionnant. Avec tous les débats actuels sur le problème d’endettement d’aujourd’hui et surtout de demain, il est intéressant de voir des propositions faire surface. Fini le statut quo. Et peu importe qu’on soit de gauche ou de droite du spectre politique, il est important d’avoir un débat sut cela car ça nous concerne tous. L’éducation est un sujet particulièrement intéressant puisqu’il peut être perçu comme une dépense ou un investissement tout dépendant de sa vision. Pour moi, c’est simple. L’éducation est la seule façon de rester compétitif sur un marché global tout en créant de la valeur pour une société. Il faut que les québécois cessent de penser que nos richesses en ressources naturelles assurent une prospérité certaine. C’est le savoir-faire qui est clé. Il faut donc s’assurer d’avoir les meilleurs professeurs/chercheurs et le meilleur équipement universitaire afin de former notre population au plus haut niveau possible tout en attirant les étudiants « top » d’ailleurs.

Bon, je pense que nous pouvons tous être d’accord jusqu’à présent. Maintenant, comment on fait pour s’assurer de financer adéquatement cette vision afin de rester compétitif sur le plan global ? Oh là, ça devient un peu plus complexe n’est-ce pas ? Vous dites que le gouvernement devrait investir davantage ? Je ne pense pas que c’est plausible avec les déficits actuels et futurs. On vit déjà au-dessus de nos moyens alors difficile de maintenir le rythme à moyen de couper dramatiquement ailleurs. On parle déjà d’un réseau de santé sous financé alors on va aller couper dedans encore ? Bravo au politicien qui aura les couilles d’avancer cela comme idée. Ok, quoi d’autre ? Ah oui, taxons davantage les riches. Celle-ci est facile car personne ne se considère riche et c’est toujours plus facile de pelleter le problème de financement vers les plus fortunés parce que « moé, je paie déjà assez ». Les gens doivent réaliser que nos « riches » sont déjà les plus taxés en Amérique du Nord et que ça va être difficile d’aller en chercher davantage de leur côté si on veut rester compétitif au Québec. Et oui, il est bien plate le mot compétition… Me semble que ça serait tellement plus facile dans un monde statique où la main d’œuvre qualifiée est immobile. Donc ce n’est pas vraiment une solution non plus cette taxation additionnelle. Malheureusement, il reste une seule voie… Faire payer les personnes qui profitent du service. Et là ça devient tout un débat. Faire augmenter le coût des études lorsqu’on prétend que c’est le seul véritable avantage concurrentiel d’une société… Je ne suis pas logique hein ? Bref, si c’est LA voie de prospérité pour une société, pourquoi ne pas rendre les études complètement gratuits ? C’est une question de valeur non ? Et bien pour moi, les études post secondaires ne servent pas seulement à développer les être humains à un niveau personnel. Quelque part, si une société investit dans ce domaine, c’est que les gens qui en ressortent éduqués produisent des bénéfices pour une société. Je réalise que j’embarque sur un terrain glissant. Avec une telle vision, on ne produirait que des gens d’affaires, des scientifiques, des avocats, etc. Tout ce qui est culture serait laisser de côté et notre société perdrait son âme. Mais ceci étant dit, est-ce qu’on devrait subventionner une personne qui désire à tout prix faire un DESS en Théâtre de marionnettes contemporain (oui oui, ça existe à l’UQAM) ? Est-ce que c’est à l’Etat de subventionner le prix des études de quelqu’un qui va changer de programme à tous les ans car il n’arrive pas à décider ce qu’il veut faire de sa vie ? Dans un monde communiste parfait, pourquoi pas. Dans un monde avec des contraintes budgétaires importantes, c’est un luxe que ne pouvons plus nous payer.

 Lorsqu’on me dit que l’éducation est déjà trop cher au Québec, ça me fait un peu sursauter. On ne paie que des « peanuts » au Québec pour une éducation de classe mondiale. Je sais, c’est facile pour moi d’émettre une telle opinion. Ce n’est pas moi qui vais devoir débourser des sommes faramineuses pour obtenir un diplôme post secondaire. Mais en même temps, mon nouveau rôle de papa me permet d’avoir une opinion sur le sujet. Dans 17ans, ça sera un enjeu important pour ma famille. Depuis la naissance de mon petit, mon épouse et moi envisageons la création d’un REEE afin de pouvoir cotiser dès maintenant  à une hausse inévitable des coûts d’étude. Il ne reste plus que d’attendre le numéro d’assurance sociale de mon petit pour ouvrir le tout… Je vous conseille fortement de faire pareil.

Nous aurons des choix difficiles de société à faire dans les années à venir. Il faut en parler là afin de poser des gestes concerts très bientôt. La situation actuelle nous mène vers un gouffre inévitable. Et vous mes chers lecteurs, vous avez des solutions à proposer ? Vous avez une vision différente ? Si oui, comment proposez-vous de la mettre en œuvre? Et je veux des solutions, pas juste du blabla!


Réponses

  1. Voici un autre point à considérer: est-ce que nous envoyons trop de jeunes à l’université?

    http://www.time.com/time/nation/article/0,8599,1967580,00.html

  2. Je crois surtout qu’il faut pense dans quel genre de société qu’on veut vivre. Est-ce que l’on veut vivre dans une société où la majorité est abrutie et où seuls les « fils de » auraient le droit aux meilleurs postes? Est-ce que les États-Unis sont vraiment une société modèle au point où on devrait copier ses travers?

    Puis tant qu’à se comparer au reste de l’Amérique du Nord, serait-il possible de ramener les taxes au Québec au niveau du reste continent?

    De toute façon même en chargeant 10 000$ pour chaque médecin entreprenant des études au Québec on ne pourra jamais atteindre les niveaux de financement des université américaines de la Ivy League.

    En attendant Mc Gill fait toujours partie des meilleures universités au monde. Concordia attire environ 10 000 étudiants étrangers par année et ne cesse de s’agrandir et se moderniser. Ce n’est pas à mon avis parce que l’UQAM a mal géré son argent que c’est à tous les étudiants à payer pour, surtout que L’UQAM a l’argent pour avoir un bureau à Paris !?

  3. @ Cynthia : Je crois que c’est un peu simpliste de dessiner cette option comme un rapprochement de la vision américaine. Selon moi, il est plutôt question de revenir à des niveaux retrouvés ailleurs au Canada (la Nouvelle-Ecosse me vient à l’esprit). Comme tu l’indiques, nous avons des universités déjà très performantes au Québec. Mon école, HEC Montréal, peut facilement rivaliser avec les tops de la planète selon moi. Pour moi, pour que cette réalité persiste, il faut trouver des moyens d’investir davantage sans tomber le piège des déficits. Et c’est ça le problème avec le débat actuel sur le financement de l’éducation. Nous devons le prendre dans le contexte plus large des finances publiques de notre province. Je ne suis pas un très grand fan des déficits. En même temps, prendre des déficits de temps pour absorber certains bas cycliques de notre économie ou pour investir dans notre infrastructure, ça ne me cause pas trop de problèmes. Surtout si on a plan pour repayer le tout. Mais s’endetter pour payer les dépenses courantes… je suis totalement contre. Alors, si tu me dis que l’éducation est la priorité numéro uno, ok ! Mais on va chercher l’argent à quel endroit ? On coupe dans la santé ? On hausse les frais d’Hydro-Québec ? On revoit à la hausse les frais des garderies ? On repousse la retraite ? On instaure le concept des « tickets modérateurs » un peu partout pour financer les services administratifs? Alors oui, nous devons choisir dans quel genre de société nous voulons vivre tout en étant réaliste du niveau de service que l’Etat a les capacités d’offrir ou du prix que nous sommes prêts à payer. Au Québec, tous les niveaux de la société semblent être inconscients de ces problématiques importantes. Je n’ai vraiment pas le goût de voir le Québec devenir l’Argentine ou la Grèce !

  4. Mais il reste quelque chose d’absolument incompréhensible, comment peut-on être l’endroit le plus taxé en Amérique du Nord et en même temps avoir un système d’éducation, un système de santé, des infrastructures, des systèmes de transport, un budget et un système de retraites défaillants ? Je pense qu’il y a des gros problèmes de gestion au Québec parce que ce n’est tout simplement pas logique!

    La solution pour moi reste que le Québec intègre complètement le Canada, c’est à dire d’avoir un gouvernement provincial de la même grosseur que les autres provinces et en finir avec les déclarations d’impôt au gouvernement provincial. Pourquoi? Parce qu’on a un paquet de fonctionnaire qui ne servent pas à grand chose sauf à gonfler le budget de la province.

    Tant qu’à couper, on pourrait aussi éliminer les programmes sciences au CEGEP qui franchement ne servent pas à grand chose car soit on y voit des trucs qu’on a déjà vu au secondaire ou d’autres qu’on verra à l’université. Qu’on y garde les programmes techniques, mais qu’on abolisse la redondance!

    Les garderies à 7$ aussi ça mériterait d’être coupé, t’as une idée du prix des garderies dans le reste du Canada? Au moins 20$ par jour! Ce programme est un énorme gouffre financier qui a été voté par un parti québécois en manque de popularité et juste avant des élections. Le résultat? la majorité de ces places en garderie sont occupées par des enfants de parents relativement favorisés qui pourraient très bien payer le prix normal.

    En tout cas je suis certaine qu’on ne deviendra pas la Grèce parce que la Grèce ne s’est vraiment jamais développée 🙂

  5. C’est un débat sérieux qui commence à prendre forme. L’article du Times est aussi très bon. Selon moi, le Québec devrait revenir sur la voie de l’utilisateur payeur à plusieurs endroits en même temps. Si le gouvernement ne cible qu’un secteur, les « vicitimes » se rallieront et diront : « Pourquoi c’est seulement nous qui devons payer? ». Concernant l’éducation, je crois que les frais de scolarité devraient être élevés fortement, mais devraient être accompagnés d’un crédit d’impot remboursables important une fois que l’étudiant a gradué et travaille au Québec. Ce crédit d’impôt aiderait à prévenir 2 forces qui travaillent à l’encontre de notre économie; la dénatalité et l’exode des cerveaux. Si un étudiant termine ses études avec 125 000$ de dettes, il est probable qu’il repousse le projet d’avoir des enfants aux calandes grecques. Par contre, si le seul fait de travailler lui garantit que ses frais de scolarité se rembourseront d’eux-mêmes en grande partie, il sera plus porté à avoir des projets de famille. Aussi, une personne sera moins portée à aller travailler dans un autre pays au début de sa carrière si elle sait qu’elle perdra l’avantage lié au remboursement de ses frais de scolarité. Après plusieurs années, elle sera libre de frais, mais bien implantée au Québec, donc moins portée à partir.


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